"Ils étaient cagoulés, armés et silencieux" : il raconte l'attaque dans son appartement de Saint-Pol-sur-Mer

« Ils ont forcé la porte, ils tapaient avec des battes et des couteaux. »

Kevin*, 30 ans, nous reçoit dans un lieu tenu secret.

Il parle avec hésitation, le regard fuyant.

Depuis cette nuit de violence, il ne trouve plus le sommeil.

Souvenez-vous, une tentative d'homicide est survenue dimanche 28 septembre au 8ᵉ étage de la résidence Stella, à Saint-Pol-sur-Mer.

Les premiers éléments de l'enquête laissent penser à un règlement de compte sur fonds de trafic de stupéfiants.

Kevin raconte : « J'avais organisé une petite soirée avec un copain et sa copine. Rien d'extraordinaire, un peu d'alcool, de la musique. Et puis d'un coup, tout à basculé. »

Vers minuit, quatre ou cinq individus cagoulés font irruption dans l'appartement.

« Ils ont défoncé la porte et se sont mis à nous frapper avec des battes de baseball et des couteaux. J'ai reçu plusieurs coups. Ils ne disaient rien. Tous étaient masqués… sauf un. Et je le connaissais » , assure Kevin, en montrant les plaies encore visibles sur ses bras.

Une balle perdue, une victime grièvement blessée

Dans la confusion, un coup de feu éclate . « J'ai tourné la tête, j'ai vu Solène* au sol, touchée à l'épaule. Son copain s'est enfui, les agresseurs l'ont suivi. »

Tout est allé très vite.

Kevin se rapproche alors de la jeune femme de 21 ans et alerte les secours.

C'est lui qui guide la police vers la victime.

Quelques heures plus tard, il sera pourtant placé en garde à vue.

« J'ai été entendu, mais je n'ai rien à voir avec cette histoire », répète-t-il aujourd'hui, la voix tremblante.

L'enquête a depuis établi que Solène n'était pas la cible de ce règlement de comptes.

Le véritable objectif du commando serait le compagnon de la jeune femme.

« Ils s'en sont pris à mes proches »

Depuis ce soir-là, Kevin vit caché.

Il a quitté Dunkerque, terrifié à l'idée d'être confondu avec la cible présumée.

« J'ai peur qu'ils reviennent. Ils ont aussi essayé de s'en prendre à ma famille, ils s'en sont pris à mes proches ! »

Le même jour, un incendie a touché l'appartement de sa sœur.

« Heureusement que mes enfants n'étaient pas là » , souffle-t-elle, lorsque nous la joignons par téléphone.

Sa petite amie a, elle aussi, a été ciblée : « Ils ont essayé de défoncer ma porte, juste avant d'aller chez lui » , confie-t-elle.

Traumatisé, Kevin veut être reconnu comme victime

Sous contrôle judiciaire avant ces faits, Kevin sait que son passé judiciaire ne joue pas en sa faveur.

Mais il insiste : « Je suis une victime, pas un coupable. »

Il est aujourd'hui suivi par un psychologue.

« Je revois cette scène toutes les nuits. J'ai l'impression d'être dans un mauvais film. »

Quant à Solène, hospitalisée, elle aurait reconnu plusieurs des assaillants.

Kevin, lui, espère simplement que la justice fera la lumière sur cette affaire.

« Tant qu'ils ne sont pas arrêtés, je ne pourrai pas rentrer chez moi. À Saint-Pol, tout le monde se connaît. Et tout est surveillé dans le quartier. »

*Prénoms d'emprunt

Ré-écoutez le témoignage de Kevin