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Il a perdu son père et son frère dans l'accident d'Uxem, sa mère est dans le coma : le combat d'Alan pour tenir bon

Après la tragédie d'Uxem le mois dernier, Alan, 23 ans, est devenu le pilier malgré lui d’une famille brisée. Témoignage.

accident
L'accident avait marqué toute la région en mai dernier.
Crédit : sdis 59 (illustration)

Il y a des histoires qui bouleversent.

Celle d’Alan en fait partie.

Depuis un mois, ce jeune homme tient à bout de bras une famille frappée par une tragédie inimaginable : son père et son frère  ont perdu la vie dans un dramatique accident de la route à Uxem, sa mère, gravement blessée, est plongée dans le coma.

À 23 ans, Alan est devenu, malgré lui, le pilier, le repère, d’un foyer à reconstruire.

"Je n’ai pas le choix. Mon petit frère a 21 ans, il ne connaît pas encore grand-chose à la vie. Il faut que je tienne bon pour lui. Et pour ma mère, qui est toujours là."

 

Après le choc, la résilience

Quand l’accident survient, Alan ne laisse pas la place à l’effondrement.

Il encaisse le choc, encaisse la douleur, et s’oblige à se relever.

Pour son petit frère. Pour sa mère. Pour maintenir en vie le petit bout de famille qu'il lui reste.

"Je me suis dit qu’il fallait garder la tête haute. Quand maman se réveillera, je veux qu’elle retrouve une maison en ordre, qu’elle n’ait pas ça en plus sur les épaules."

Ce sens du devoir, Alan l’a en lui depuis l’enfance.

Élevé "à la dure", comme il dit, il puise sa force dans ce que beaucoup qualifieraient de résilience hors du commun.

 

Un quotidien rempli de responsabilités

Alan gère tout : les obsèques de son père et son frère, les démarches administratives, les appartements à vider, les contrats à résilier, les rendez-vous médicaux, le quotidien de son petit frère... 

"Je joue le rôle de tout le monde : le père, la mère, et le frère. Si moi j’avais été dans cet accident, ça aurait été encore pire pour mon petit frère. Alors je fais front."

Malgré la solitude, malgré le poids énorme sur ses épaules, Alan avance. Sans bruit. Sans chercher la lumière.

Tout le monde autour de lui salue son courage incroyable, sa résilience à toute épreuve.

 

Le réveil de sa mère sonne comme "un petit miracle"

Sa mère, Kelly, 43 ans, a été grièvement blessée dans l’accident.

Plongée dans un coma médicalement provoqué, son pronostic vital était très engagé.

Et puis, "il y a eu un petit miracle".

En début de semaine dernière, elle a commencé à se réveiller.

"Je n’étais pas à ses côtés à ce moment-là. Mais le réveil s'est bien passé, en douveur. Elle voulait sortir de là."

Mais elle n'est pas encore informée du drame qui a frappé sa famille.

"Pour l’instant, elle ne sait rien. Je préfère attendre qu’elle aille mieux pour lui parler."

Un réveil fragile, progressif.

Trois jours pour reprendre conscience, trois jours pour faire renaître l'espoir.

Et déjà cette question : comment lui annoncer l’impensable ?

En milieu de semaine dernière, Kelly a été replongée dans un coma médicalisé.

 

Un deuil mis entre parenthèses

Alan ne parle pas encore de deuil.

Il en est d'ailleurs privé. Pas le temps. Trop à faire, trop à gérer. Trop à protéger.

"C’est compliqué. Mais je suis obligé de garder la tête haute. Je n’ai pas encore pris le temps de pleurer."

À 23 ans, il porte une famille entière à bout de bras. Sans se plaindre. Sans fuir.

Il avance, porté par une force intérieure que beaucoup admirent.

Dans cette tragédie, de l'avis de tous ses proches, Alan fait preuve d’une dignité bouleversante.

Une maturité qui force le respect.

Cette histoire, c'est celle d’un jeune homme ordinaire, devenu extraordinaire par la force des choses.

En attendant, il espère, lui le premier, le réveil définitif de sa maman, Kelly.

kelly alan
Publié : 23 juin 2025 à 17h00 - Modifié : 23 juin 2025 à 21h15
Rémi Foulon - Rédacteur en Chef