Dunkerquois

Coup de tonnerre à Dunkerque : l’association Les Amis de Jacques-Bialski, c'est fini !

Info Delta FM - La décision a été annoncée ce vendredi soir aux 130 bénévoles de l'association.

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C'est une institution de la solidarité dunkerquoise qui disparaît.

Vendredi soir, la décision est tombée : Les Amis de Jacques-Bialski (AJB), l’association humanitaire qui, depuis 11 ans, vient en aide aux sans-abri et aux plus démunis du territoire, cesse son activité.

Avec elle, disparaissent les maraudes du vendredi soir.

Un coup d’arrêt brutal pour cette aventure humaine er solidaire, portée par l’énergie infatigable de Philippe Bialski et ses 130 bénévoles.

 

Une histoire qui s’achève non sans douleur

« Après 11 ans, ça me fait mal », souffle Philippe Bialski, président de l’AJB, les traits marqués par l’émotion.

Jamais, en plus d’une décennie, une maraude n’avait été annulée.

Vendredi soir, c’était la première… et la dernière.

La raison ? Une montée de la violence ces derniers mois.

Menaces de mort, insultes, agressions : les bénévoles de l’association, qui ont tant donné de leur temps et de leur cœur, sont devenus les cibles d’une minorité de personnes.

« Dans cette décision, ce qui me touche le plus, ce sont les bénévoles. Ils ont vraiment donné leur cœur dans leurs actions », appuie le président.

La crise de la Covid a marqué un tournant.

Puis les Jeux olympiques de Paris ont conduit à l’arrivée de nouveaux sans-abri dans le Dunkerquois, accentuant les tensions.

La drogue, de plus en plus présente, a fini de gangréner le quotidien des maraudes.

Philippe Bialski confie avoir longtemps tenté d’anticiper les débordements, dialoguant avec les bénéficiaires pour préserver la sécurité de ses équipes.

Mais cet été, une agression de trop a fait basculer l'avenir de l'AJB.

« Je suis en colère contre l’État qui avait promis qu’il n’y aurait plus de personnes à la rue, lâche-t-il, amer. Et triste de voir que mes propositions locales ne sont pas écoutées. Je me suis essoufflé. Mes bénévoles aussi. »

 

"Je suis malheureux pour les gens qui ne seront plus aidés"

Ils étaient près de 150 bénéficiaires à attendre, chaque vendredi soir, une soupe chaude, un vêtement, une oreille attentive. « Notre travail, c’était d’être sur le pont tous les jours, d’accompagner les gens, de ne surtout pas les abandonner », rappelle Philippe.

Aujourd’hui, c’est une page qui se tourne.

Le président veut rendre hommage à ses 130 bénévoles, « une armée du cœur », comme il les appelle.

Beaucoup ont accueilli la nouvelle avec soulagement, avouant un ras-le-bol qu’ils n’osaient pas exprimer.

Avec l’arrêt des maraudes, ce sont des centaines de personnes qui se retrouvent privées d’une aide essentielle, de Leffrinckoucke à Saint-Pol-sur-Mer.

« Je suis malheureux pour les gens qui ne seront plus aidés », concède Philippe, la voix lourde.

Il regrette le manque de structures adaptées, notamment pour les sans-abri en grande détresse psychologique : « Leur place n’est pas toujours en prison. »

Il croyait au projet d’accueil de jour et de nuit. Mais ne se fait plus d'illusion.

 

Et maintenant ?

À 69 ans, Philippe Bialski n’imagine pas rester longtemps loin de la misère humaine.

Mais il ne sait pas encore sous quelle forme il pourra continuer à aider.

Une certitude : le vide laissé par l’AJB se fera cruellement sentir.

En attendant, les messages de soutien affluent.

Les Dunkerquois saluent cette aventure solidaire de 11 ans, ces milliers de repas servis, ces instants de chaleur humaine partagés au coin d’une rue froide.

Une histoire faite de sourires et d’anecdotes… brutalement interrompue.

Un coup de tonnerre, oui. Mais surtout, une profonde tristesse.

 

Ecoutez la réaction du président de l'AJB

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Crédit : fin asso AJB
Publié : 6 septembre 2025 à 13h32 - Modifié : 8 septembre 2025 à 8h47
Rémi Foulon - Rédacteur en Chef