Le procès de l’animateur jeunesse accusé de viols et d’agressions sexuelles à Outreau touche à sa fin. Ce mardi, les avocats des familles ont pris la parole pour rendre « dignité » aux enfants victimes et rappeler la « perversité » de l’accusé.
Nous voilà donc au terme d’un procès très éprouvant. Dix jours pendant lesquels on a entendu les horreurs, les masturbations, les fellations, les sodomies commises par l’accusé sur 14 enfants. Dix jours au cours desquels on a vu certaines vidéos de ses viols et de ses attouchements. Mais dix jours, ce n’est rien à côté de ce que vivent les familles victimes depuis quatre ans, parfois cinq. Des années à raconter les faits aux enquêteurs, au juge d’instruction. Des années à tenter de se reconstruire. C’est pour rappeler le courage de ces enfants et de leurs parents que leurs avocats ont pris la parole, ce mardi. Maître Pauwels a parlé « de leur innocence, de leur sourire, de leurs mimiques d’ange ». Des anges qui n’auront plus jamais une vie normale. La faute à « un prédateur, un pédophile 24h/24 » a lancé Maître Tachon.
Un peu plus tôt, un expert est venu souligner à la barre « la dangerosité sociale » de l’accusé. Selon lui, « le risque de récidive est difficile à exclure » chez cet homme qui a la pédophilie « profondément inscrit en lui« . Sans doute est-ce pour cela qu’il a choisi de travailler comme animateur. C’est en tout cas l’hypothèse de Maître Benoist: « l’accusé a organisé sa vie et fait en sorte de ne travailler qu’auprès d’enfants de 4 à 6 ans. Parce qu’il sait très bien que ceux-là seront sous influence. Il a ciblé, méthodiquement. Il savait ce qu’il faisait ». Et Maître Vasseur d’ajouter: « un pédophile dans un centre d’enfants, c’est un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il y a forcément de la casse. Et ce sont les enfants qui sont cassés ».
La responsabilité de la mairie soulevée
Maître Benoist, avocat de l’association « La Voix de l’Enfant » a également pointé du doigt la « défaillance hallucinante » des institutions, et notamment la responsabilité de la mairie d’Outreau, alertée par une ATSEM qui avait découvert que l’homme s’enfermait à clé avec un enfant. « Cela aurait dû suffire à enquêter. Au lieu de ça, on va permettre à cet homme de poursuivre ses agressions pendant 14 mois » a regretté l’avocat.
Ce jeudi sera consacré aux réquisitions de l’avocat général et aux plaidoiries de la défense. Le verdict est attendu vendredi.