"Choqué" des "propos racistes" d'un élu RN, le groupe majoritaire quitte le conseil municipal !

20 juin 2019 à 19h28 par Jérôme Noël

DELTA FM

Séquence politique inhabituelle ce jeudi soir à Boulogne-sur-Mer. Les élus du groupe majoritaire ont quitté la salle du Conseil Municipal. La séance a été suspendue.

C'est en ouverture du conseil que Jean-Claude Etienne a pris la parole pour faire part de "l'indignation" des élus. L'adjoint au maire a dénoncé "des propos inacceptables, scandaleux et répugnants, diffusés sur les réseaux sociaux par un élu du groupe Rassemblement National". Sans en dévoiler le contenu, Jean-Claude Etienne a expliqué que ces publications Facebook, postées à l'occasion du ramadan, avaient "un caractère raciste. D'autres relevaient de théories complotistes et islamophobes". Des propos, qui, selon l'élu, "révèlent le vrai visage de l’extrême droite : celui de la haine, de l’intolérance et du rejet". 

Jean-Claude Etienne a alors invité ses collègues à quitter la salle pour "donner le temps de la réflexion" au groupe Rassemblement National (ex-FN). Lors des faits, le leader de l'opposition Antoine Golliot avait donné un rappel à l'ordre à son colistier, et lui avait demandé de quitter Facebook. "Choqués", les élus du groupe majoritaire demandent bien plus. 

Au retour des élus dans la salle, Antoine Golliot a dénoncé "une polémique disproportionnée". "Nous sommes dans une société où on ne peut plus critiquer de religion. Cela reste de l'humour gaulois. Tout le monde était Charlie. Et aujourd'hui, que faut-il faire ? Il faut se taire et se prosterner aux curés de la pensée unique ?" Antoine Golliot a également souligné que "Franck Clabault a connu les théâtres de la guerre. Dans ce conseil municipal, de nombreux élus sont professeurs de l'éducation nationale. Les seules balles que vous avez entendues sont celles de ping-pong. Monsieur Clabault a connu les vraies balles. Il a toute dignité à rester au conseil municipal". 

Des explications qui n'ont pas convaincu les élus de la majorité. "Ce débat permet de découvrir votre vrai visage" a répondu Claude Allan. "S'il n'y avait pas eu les marocains à Boulogne, il n'y aurait pas eu les A.P.O" a rappelé l'adjoint au maire. 

"Le racisme est un délit. Ce sont des propos abjects. On ne peut pas les passer sous silence. Il faut savoir reconnaître ses erreurs et en tirer les conséquences" a expliqué Jean-Claude Etienne.

Hamid El Gadir, conseiller municipal, a ensuite pris la parole pour s'adresser directement au groupe Rassemblement National "Je suis musulman. Je suis né en France. Je ne vous ai jamais manqué de respect. J'ai été un des premiers à vous parler et à vous féliciter. Je ne comprends pas pourquoi on en arrive à une haine de l'autre".

Franck Clabault lui a répondu: "Je ne suis pas raciste. J'ai des amis musulmans".

Le mot de la fin est finalement revenu au maire: "Les élus doivent montrer l'exemple. Ils doivent être irréprochables. Dès que vous touchez l'une ou l'autre des religions, ou l'absence de religions, alors vous mettez en cause une partie de notre population. Mon rôle n'est pas de rassembler les élus. Mon rôle c'est de rassembler les Boulonnais, très largement, et d'éviter qu'il y ait des oppositions dans la population. Lorsqu'il y a de la violence, de la stigmatisation, alors c'est une fracture pour les valeurs de la République, et une fracture dans notre population".

La séance du conseil municipal a repris... après une heure d'échanges.