Accusé d’escroquerie à 9 millions €, le "Madoff boulonnais" fixé sur son sort le 9 avril

5 mars 2020 à 18h24 par Jérôme Noël

DELTA FM

Serge Lévêque sera fixé sur son sort le 9 avril prochain. A 61 ans, celui que l'on a surnommé le "Madoff boulonnais" comparaît depuis ce jeudi matin au tribunal correctionnel de Boulogne. Cet ancien courtier en assurance, installé à Boulogne, est accusé d’avoir escroqué plus de 80 clients, entre 2001 et 2012, pour plus de 9 millions d’euros. Le Procureur a requis 5 ans de prison, dont 3 avec sursis.

« J’assume complètement et je regrette infiniment » a déclaré Serge Lévêque, ce jeudi, en ouverture du procès qui doit permettre de comprendre comment cet homme « intelligent » est devenu "un escroc". Tout a commencé en 1997. Après 20 ans d'expérience dans la banque et les assurances, Serge Lévêque ouvre la société VIP Consultant avec son associé Pascal Busselet. Fort d'une "excellente réputation", la plupart de ses anciens clients le suivent, et lui confient leur argent pour des placements juteux. En 2001, premier coup dur. « J’avais confié une partie de l’argent des clients à des traders. Il y a eu les attentats à New York, les marchés financiers se sont écroulés ». VIP Consultant perd alors 1,5 millions d’euros. « J’ai voulu avertir les clients, mais mon associé Pascal Busselet m'a dissuadé de le faire, car il avait beaucoup plus à perdre". Et pour cause: Pascal Busselet, agent d'assurance GAN à Draguignan, est celui qui encaisse les chèques sur son compte professionnel. "Monsieur Lévêque nous a présenté sa société comme une filiale du GAN, j’ai fait les chèques en toute confiance" se souvient Jacques, qui a perdu 480 000 euros. 

En réalité, le montage financier est illégal. Pascal Busselet convainc alors Serge Lévêque de ne rien dire. "Il m'a dit qu'on allait se refaire. A partir de là, ça a été la descente aux enfers. J’ai cherché de nouveaux clients, Busselet conservait l’argent sur son compte professionnel dans l’attente de trouver la poule aux œufs d’or". La poule aux œufs d’or, Serge Lévêque pense la dénicher en 2004, lorsqu’il rencontre Jean-Bernard Bercot. L’homme d’affaires lui parle d’une mine d’or en Afrique. Emballé, le courtier en assurance lui envoie l'argent de ses clients. "Je voyais ce métal monter de manière exponentielle chaque année, explique le prévenu. J’étais convaincu de me refaire une santé financière". Problème : le fameux Bercot n’envoie jamais l’argent. Qu’importe : Serge Lévêque produit de faux documents pour rassurer ses clients, et continue d’investir, ruinant des dizaines de clients.

Plusieurs victimes sont venues témoigner à la barre, hier. Certains ont perdu les économies de toute une vie. C’est le cas d’Alain, qui pointe aujourd’hui aux Restos du cœur.

Son avocate, Maître Roy-Nansion, évoque la « naïveté » de son client, « un escroc escroqué » dans « une affaire digne d’OSS 117 ».

L'avocate est certaine que « Serge Lévêque va payer pour tout le monde ». Jean-Bernard Bercot, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis mai 2019, est introuvable. Pascal Busselet, lui, s’est suicidé en avril 2011, après que le siège du GAN ait annoncé qu’il allait faire l’objet d’un audit. « Quand il s’est mis une balle dans la tête, j’ai compris que je ne m’en sortirai pas. Que c’était terminé » se souvient Serge Lévêque. Aujourd’hui, je suis rongé par les remords. Je demande pardon. Ça a brisé la vie de beaucoup de monde. Ça a brisé la mienne. Je n’ai plus rien. Juste mes yeux pour pleurer.  ». Le délibéré est attendu le 9 avril.