Cinq passeurs condamnés à des peines de 18 mois avec sursis à 2 ans de prison ferme

5 novembre 2022 à 7h25 par Rédaction

DELTA FM

Des peines de 18 mois avec sursis à 2 ans de prison ferme. Après 10 heures de procès, voilà les peines prononcées cette nuit par le tribunal de Boulogne à l’encontre de cinq personnes appartenant à une filière de passeurs de migrants. Deux femmes et trois hommes ont été reconnu coupable d’avoir acheminé des bateaux et des gilets de sauvetage sur la Côte d’Opale, pour aider des migrants à traverser la Manche. 

A la barre du tribunal ce vendredi, c’est d’abord la jeunesse des prévenus qui frappe. Le plus jeune a 20 ans, la plus âgée a 29 ans. Poursuivis pour aide aux étrangers en situation irrégulière en bande organisée, tous reconnaissent les faits, à différents degrés d’implication.

Il y a d'abord Fares, un Français 20 ans, qui avoue avoir eu “un gros rôle”. Il allait "chercher des bateaux en Allemagne", des bateaux qu’il ramenait ensuite dans un hangar de la métropole lilloise, sur la commune de Quesnoy-sur-Deûle. C’est là qu’étaient confectionnés des kits avec bateau, moteur, bidon d’essence et gilets de sauvetage pour les charger dans des camions. C’était la mission d’Ahmed, un irakien de 21 ans. "Mon oncle m'avait demandé de l'aider à charger des voitures. Je ne savais pas que c'était interdit" se défend il à la barre.

Le matériel nautique était ensuite acheminé vers la Côte d’Opale, pour permettre à des migrants de traverser la Manche. Parmi les chauffeurs se trouvait Alexander, un Français de 21 ans. A la barre, il explique avoir accepté de faire des livraisons contre un peu d’argent, mais ne s’est pas rendu compte tout de suite qu’il transportait des bateaux. “J’exécutais les ordres. On me donnait un point de chute, et j’y allais. Je recevais les indications par message” détaille-t-il. Des messages envoyés par Youssif. Considéré comme la tête du réseau, l’individu n’a pas pu être interpellé.

Il semble néanmoins qu’il exerce encore une influence sur le groupe, puisque les deux femmes de 23 et 29 ans, également présente sur le banc des prévenus, ont refusé de s’expliquer sur leur rôle dans le réseau, expliquant qu’elles faisaient l’objet “de pressions”. Toujours est-il que l’exploitation de leur téléphone a montré qu’elles aussi avaient fait des aller-retours entre l’Allemagne et la Côte d’Opale, en passant par le hangar de la métropole lilloise. Un hangar dans lequel les forces de l’ordre ont retrouvé une douzaine de bateaux et de moteurs, 106 gonfleurs, 29 bidons d’essence de 20 litres, 5 bidons de 10 litres et 68 sacs de 10 gilets de sauvetage chacun. Selon les enquêteurs, le réseau aurait permis d’aider 2600 migrants à tenter la traversée de la Manche.

A l'énoncé du délibéré, une femme présente dans la salle d'audience a été victime d'un malaise.